« Au coeur du quotidien, dans le tumulte de la foule venue faire son shopping, lieu de passage, d’échange de marchandise, le Centre Commercial Colombia est investi pour la première fois par LAB. L’intervention des artistes s’y fera sur le mode du « Post – spectaculaire », des actions discrètes à l’image des petites tortues de ciment disséminées par Karim Ould tels des éclaireurs en tenue de camouflage, des actions furtives, insaisissables, ou des ovnis débarqués comme la caravane de David Enon où semble se dérouler une fête à laquelle nous ne sommes pas invités. »
Dossier de presse, exposition Post-
Projet :
Le soir et week-end, à la fermeture de la galerie marchande, des danseurs de hip-hop investissent la place en haut de l’escalator à l’entrée du puit Mauger. Le spectaculaire est là, discret, émane d’une jeunesse énergique et créatrice. Loin de la société du spectacle, la danse est un cri de vie, de partage et de symbiose avec la ville, un retour à une primitivité.
Je veux afficher des silhouettes noires de danseurs en plein mouvement. Des stickers à échelle humaine. Ils peuvent se trouver sur des piliers, des vitrines, les palissades de travaux… ils sont ainsi mêlés aux passants, invitent à partager leur appropriation du corps et de l’espace. Comme pour dire : le spectaculaire c’est soi, ici, maintenant.
Les stickers rendent compte d’une présence, des mouvements que peuvent prendre les corps, les groupes, les styles. Ils sont aussi l’écho de l’énergie déployée depuis des années et des successions de danseurs au CCColombia. Ce lieu de répétition, de rencontres, et de transmission de savoirs et techniques est aussi un lieu incontournable pour le monde de la danse Hip-Hop. De fait des artistes d’autres
villes et pays passent aussi par là. Les stickers témoignent d’une pratique artistique, jeune et libre que le lieu du Colombia permet de voir perdurer.
Les danseurs à l’unanimité ont validé cette idée d’être le sujet d’un travail et d’un discours, fut-il par l’image. Totalement motivés parle projet, ils ont proposé des poses et des images, témoigné sur leurs histoires et celle du lieu, et celle plus large de la danse de rue. Celle-ci véhicule la liberté, la création, une prise directe avec le quotidien. Elle porte l’intention ferme d’une part d’assumer son individualité en allant à la rencontre d’un public involontaire, par la surprise du moment, du geste, et du lieu ; et d’autre part d’invalider les idées reçues qui perdurent.
Pour réaffirmer une véritable identité artistique, développer le croisement des pratiques créatives, permettre une visibilité/lisibilité du projet, donner une impulsion originale, ludique ; je propose que quelques danseurs accomplissent quelques improvisations lors de la soirée du vernissage. Ces interventions en forme de performances sembleront impromptues, seront fugaces et viseront à donner du corps aux images et d’aller à la rencontre vraie d’un public surpris. Les interventions dansées seront en fait orchestrées pour un investissement calculé du temps et de l’espace. Il sera là encore question de convoquer une forme artistique complémentaire pour donner à l’ensemble de l’exposition de la perméabilité et du lien.
K.OULD